Au début sans limite,
sans dehors, ni dedans,
comme les êtres d’un mythe
sans nul commencement,
nous étions tout partout,
sans corps et sans conscience,
nous étions, comme des fous,
pouvoir et ignorance.
Savez-vous donc comment,
par quel enchantement,
avant même d’y penser,
nous vient l’identité :
être à la fois le même
et un autre qu’on aime,
et devenir unique
avec peau pour tunique.
Perdus-trouvés en mère,
savez vous quelle magie
d’abord nous a agis
pour nous faire de chair
quand le greffon a pris
de sa peau comme abri
en nous fermant-ouvrant
à soi et à tout vent ?
Parant la déchirure,
la trop vive écorchure
et le démantèlement
de l’enveloppe de temps,
se déposent sur nous
l’écran, la pellicule
de ses contacts si doux
qui nous offre leur recul.
Ainsi donc la peau,
après ses oripeaux,
est la première conscience
d’être unique de naissance.
Elle est l’outre de l’être,
elle est le parchemin,
qui conserve à la lettre
ce qui nous fait humains.