Il y a longtemps déjà,
tu étais déjà là ;
au bon temps des virées
et des nuits écourtées,
au temps un peu fouilli
d’une jeunesse sans ennui,
nous étions compagnie,
nous étions bons amis.
Quand nous avions le temps,
pour n’être plus enfants,
de longues soirées passées
à rire gorge déployée,
en discours insensés
et en rêves partagés
nous étions la cohorte
d’une amitié si forte.
Le temps s’est écoulé,
en mois puis en années,
et nôtre belle jeunesse,
sans pitié et sans cesse,
mais sans jamais nous fuir,
devient un souvenir
et presqu’ un monument
qui insulte le temps .
Les amis de toujours
cèdent la place aux amours ;
en devenant des hommes,
certaines pages des albums
se referment au passage
d’un âge vers un autre âge :
il faut mourir un peu
pour ouvrir d’autres yeux .
Une autre histoire commence,
une autre histoire d’enfance ;
comme à l’aube, on espère,
maintenant tu es père :
peut-être un peu plus mûr,
peut-être un peu plus sûr,
mais en tout cas fidèle
à ta propre chapelle.
Elle est telle une fée,
un conte réalisé,
une légende à venir,
un destin à tenir ;
c’est la petite Mégane,
tout trésor, tout arcane,
c’est un rai de soleil,
son œil nous émerveille.
Elle continue le temps,
je le crois pour longtemps,
de nos rencontres heureuses,
de ces heures paresseuses,
à n’aimer qu’être là,
tous ensemble être là,
pour le simple bonheur
de partager nos heures.