L’humanité est singulière,
aussi solide que délétère.
Ce n’est une grâce, ni un état,
plutôt un rêve ou un combat .
Elle n’ est peut-être qu’une conquête
autant sur l’ange que sur la bête.
Elle est étrange et familière,
tantôt de miel, tantôt saumâtre,
parfois cruelle et meurtrière,
plutôt sauvage et disparate.
Elle n’a pas d’autre éternité
que son effort pour exister.
Elle est pourtant une évidence
dont on ne sait pas bien le sens ;
torsion de l’être vers la joie,
plus par défi que par un choix.
Elle reste la chose la moins suspecte,
pourvu qu’on l’aime, qu’on la respecte .
Dans un couloir bien triste,
un unique mendiant,
abandonné par terre,
attend que quelqu'un passe.
Sa vie est en guenille
comme une histoire raté
et il s'épuise encore
à désirer quelqu'un.
C'est comme un mauvais rêve,
un cauchemar que ce monde.
Il ne sait vraiment plus
s'il peut en réchapper.
Le Dieu qui fit le ciel,
le Dieu de toute Puissance,
entend que l'homme pleure
et il pleure avec lui.
"Ses larmes sont les miennes,
il faut que je lui dise.
J'irai voir le mendiant,
j'oserai lui parler."
"Je me ferai fragile,
je me ferai petit
pour qu'il retrouve en moi
un copain de galère."
"Mais que nous servirait
de souffrir tous les deux.
J'oserai lui dire "je t'aime"
qu'il puisse se relever."
"Je livrerai ma vie
et je prendrai sa place
et c'est l'amour sûrement
qui fera son salut."
"Je veux qu'il me précède,
je me ferai enfant.
Ainsi je montrerai
que je dépend de l'homme."
"Je n'ai de bon plaisir
que de le retrouver,
je n'ai de joie profonde
que quand il me reçoit."
Et c'est ainsi qu'un jour,
Dieu a ouvert le ciel
et qu'il est descendu
rejoindre les homme à terre.
Cette femme du métro
assise en face de moi
a troublé mon regard
comme jamais ile ne fut.
Son corps maigre et sans fin
supportait à grand peine
la tête qui balancait
au roulis de la rame.
Toutevêtue de noir
avec un pardessus
qu'on eut dit de poussière
elle tombait de sommeil.
Dans sa main, elle avait
de ces petits cahiers
qui ne servent qu'aux enfants
pour apprendre à écrire.
Elle l'avait retiré
d'une valise de tissu,
de tissu écossais,
ouverte à la moitié.
C'est son visage surtout
qui piégeait le regard,
le sien semblé vidé,
ses yeux étaient brumeux.
Sur le coin de sa lèvre,
une petite écume,
celle des bouches pêteuses
et des gorges séchées.
C'était comme si son âme
était agonisante
et qu'elle mourait de froid
dans Dieu sait quelle tourmente.
Sur son visage brulé
per le vent, le soleil
et les larmes sans doute,
une rougeur inquiétante.
La moitié de sa face
était tachée de vin.
Le sort l'a donc gifflé,
il la condamne déja.
Pareille à un vautour,
elle se prit à marcher
et sortit sur le quai déposer son bagage.
Elle est le charognard
de sa pauvre carcasse.
Elle se ronge déjà.
Bientôt elle sera morte.
J’ai une bombe dans la main,
J’ai une bombe pour demain,
La dernière armes des opprimés,
Amant désespéré du monde
Révolté de ce spectacle immonde,
Je me rebelle ou c’est la nuit.
Alors, pareil à Don Quichotte,
Pour n’être pas qu’une pleurotte,
Je pars en guerre, à l’aventure.
Je me prépare, j’affûte mes mots,
Je porte mes couleurs bien haut,
Car c’est une bombe de peinture.
J’entends comme un murmure,
Mais je l’entends à peine,
Qui me souffle ton nom.
Mais est-ce bien ton nom,
Si ce n’est pas un rêve ?